Infertilité au Burkina : La procréation médicalement assistée, une bouée de sauvetage

La baisse de fertilité est une réalité au Burkina. Les statistiques sont difficilement accessibles. Les cliniques privées consentent livrer quelques chiffres. La clinique La Grace Marie révèle que 15% de couples en 2018 sollicitent ses services pour des problèmes de fertilité. La clinique Sigué estime à un couple sur trois. La procréation médicalement assistée (PMA) reste leur alternative malgré ses conséquences sociales.

Edith Bilgo « j’ai souffert du regard accusateur de ma belle famille »

« Femme stérile ! » L’expression est chargée de mépris, elle est la hantise d’Edith Bilgo. Son époux et elle ont essuyé, cinq années  durant, le regard du voisinage et l’incompréhension de leur famille sur l’absence d’enfant dans leur couple. « Un couple vit un véritable  calvaire après deux ans sans enfant. Ce fut mon cas. J’ai dû affronter le regard accusateur de ma belle-famille. Certains m’ont reproché l’usage excessif des méthodes contraceptives. C’est au bout de 3 ans que mon mari et moi avons décidé d’une consultation à la clinique Shiphra. Après les examens, le docteur diagnostique des kystes ovariens » confie la jeune trentenaire. Mises dans la confidence, les belles familles font le choix d’un traitement chez le tradipraticien et le résultat s’avère concluant. Le ménage accueille enfin un bébé.

La médecine traditionnelle est précurseur en matière de prise en charge des cas d’infertilité au Burkina. Toutefois, depuis une décennie, la médecine moderne fait des percées. Dans le domaine, la clinique La Grace Marie marque sa présence dès 2006. Le maître mot dans ces lieux : c’est l’espoir. Cela transparait dans les propos du Dr Josiane OUEDRAOGO, gynécologue obstétricienne : « Nous allons essayer d’éviter le mot stérilité. Nous allons préférer l’infertilité parce qu’on est positif » dit-elle. Elle définit l’infertilité comme étant l’absence de grossesse après un an de vie commune avec des rapports sexuels comblés chez le couple, sans contraceptif ». Selon la gynécologue, le plus souvent, au début des consultations, les patients ont du mal à mettre les mots sur leur mal. Les douleurs au ventre de la femme sont fréquemment incriminées. Par prudence les deux époux sont soumis à des examens, à l’issus, la procréation médicalement assistée (PMA) leur est proposée.

La  PMA est un ensemble de procédés médicaux concourant à aider les couples infertiles à procréer. La clinique la Grace Marie propose la fécondation in vitro (FIV), la stimulation des spermatozoïdes chez l’homme et le traitement hormonal  chez la femme.

Fecondation in vitro

Pour les couples au profit médical plus complexe, un don de sperme ou d’ovules d’une personne anonyme est envisagé. Le couple OUEDRAOGO a fait le choix de la PMA.  « Nous avons des difficultés d’avoir un enfant après 2 ans de mariage. Un jour à la radio nous entendons parler d’une clinique qui prend en charge les personnes qui sont dans le besoin. En accord avec ma femme, nous décidons de saisir cette chance. Nous sommes au début du processus » témoigne monsieur OUEDRAOGO sourire en coin.

Un vide juridique existe sur cette pratique médicale au Burkina. Le juge au siège du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, Me Ali SON indique : « Nous avons adopté une loi en 2005 au  Burkina. La loi 049-2005-AN portant santé de la reproduction. A son article 2, elle définit la  santé de  la  reproduction comme l’état de bien-être général (physique, mental, moral social) de la  personne physique ; notamment en ce qui concerne l’appareil génital, son fonctionnement et sa fonction. Cette loi libéralise le secteur mais conditionne l’ouverture des structures privées à la délivrance d’une autorisation spéciale sur demande. L’article 6 définit aussi les prestations qui doivent y être fournies ».

Tatiana Ouattara

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